ELLADA, agapi mou,
je me sens profondément humilié dans mon philhellénisme quand un journal ose titrer que la Grèce est un « pays peut-être moins “européen” qu'il n'y paraît » et que le contenu de cet article est un mauvais résumé d'une histoire que les auteurs n'ont pas vécue ; je suis humilié comme Français que des compatriotes fassent si mal de l'histoire et nourrissent le mythe du Grec menteur et poniros.Je ne reviendrai que sur quelques points. Si la Grèce n'est pas un pays européen, qui mérite ce titre ? Le barbare germain ou la perfide Albion à laquelle son plus grand poète, Byron, reprochait déjà de piller le pays d'Homère ? Plus Européenne l'Angleterre qui ne veut d'aucune solidarité européenne et surtout pas de celles qui lui coûteraient de l'argent ? N'est-ce pas elle qui a ramené en Grèce l'armée et le roi, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, déclenchant un cataclysme que le pays allait payer très cher, pays qui peut pourtant se targuer de la résistance la plus exemplaire face à l'occupant nazi. Il n'y a pas si longtemps qu'est née l'idée d'Europe et je doute que l'on puisse distribuer des brevets d'européanisme. L'idée comme son contenu géographique est à construire et n'est pas une donnée intangible.
V. Giscard d'Estaing a fait rentrer la Grèce en Europe parce que, dit-il, la démocratie et la culture venaient de ce pays. Soit, même s'il y aurait beaucoup à dire sur cette démocratie athénienne, esclavagiste et impérialiste... Mais l'accent est mal mis, car le problème n'est pas de savoir où est née la démocratie, le problème est de reconnaître que la culture grecque, disons gréco-romaine, est le seul ciment commun dans une histoire faite de rivalités et de guerres mondiales. Cette fameuse culture grecque a nourri la Renaissance, les lettres comme les arts, nos classiques du XVIIe s. et a fécondé les élites du XVIIIe s qui ont bouleversé le monde. Le XIXe s. a joué un rôle fondamental dans la diffusion des arts et des lettres grecques engendrant un courant « néo-classique » que l'on retrouve à Edimbourg,- qui en fut l'un des centres et où l'on voulut construire un Parthénon — , mais aussi à Ratisbonne, où le Walhala, célébrant la victoire des Allemands sur les troupes napoléoniennes, est une réplique d'un temple grec